« Voilà une bonne causerie » dit M Drabo. Et aussitôt opère la magie du mot juste. Car ce que nous avons pratiqué avec M Tandia et M Drabo, quand nous ne parlions pas « technique », c'est à dire pédagogie, ce n'est pas la discussion à bâtons rompus, un peu futile, ni au contraire l'enquête, un peu rigide et forcément - comme son nom l'indique - un peu inquisitrice. Non, l'art que nous avons pratiqué grâce à M Tandia et M Drabo allie la fantaisie de l'échange impromptu au constant désir de découvrir l'autre. Nous avons pratiqué l'art de la causerie. Tout s'y prête : une traversée de Chambéry vers 21 heures suscite l'étonnement de nos hôtes sur les rues désertes - mais que faire dans une petite ville d'Europe après 21 heures dans la rue ? - ma réaction aux prénoms des enfants de M Drabo entraîne un échange sur l'absence de clivages entre fêtes musulmanes et fêtes catholiques au Burkina ; une remarque en salle des profs sur l'actualité fait naître un échange sur le caractère concevable ou pas du mariage homosexuel (ah les yeux ronds de M Drabo...) ; mon admiration un peu convenue pour la probable discipline des élèves de Ouahigouya occasionne des révélations sur leur capacité à imposer un rapport de force... Adieux tabous et clichés, fondus dans le doux creuset de la causerie. Car jamais, j'ose le croire, nous n'avons heurté la pudeur de l'autre. Je ne paraphraserais pas ridiculement Rousseau en disant que « nous disions ce que nous dictaient nos coeurs ». Mais je dirais qu'une franchise confiante naissait d'entendre l'autre parler autrement la même langue, faisait confiance autrement à la même
langue. Mais assez causé ; il y a des scènes qui se passent de commentaire. Par exemple le flegme malicieux de M Le Proviseur Aboubakar Tandia sur un terrain de volley !
Serge Piaton, professeur de Lettres Modernes lycée Vaugelas
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